L’alopécie fibrosante frontale (AFF) post-ménopausique est une pathologie émergente dont l’incidence augmente dans l’ensemble des pays. Son origine reste inconnue. Nous rapportons la présence de dioxyde de titane dans les cheveux d’une patiente atteinte d’AFF.

Une recherche de nanoparticules de dioxyde de titane a été réalisée sur des follicules pileux extraits en zone atteinte par microscopie électronique à balayage par effet de champs combinée à une spectroscopie à dispersion énergétique.

Une patiente âgée de 79 ans était suivie pour une alopécie progressive évoluant depuis 12 ans prédominant au niveau fronto-temporal avec recul progressif de la ligne d’implantation des cheveux avec une alopécie des sourcils. À l’examen, la peau du front était scléreuse. Le tableau clinique était typique d’une AFF. L’histologie cutanée confirmait le diagnostic. Cette patiente avait une forte héliodermie témoignant d’une exposition solaire importante tout au long de sa vie.

Un jeu de clichés de microscopie électronique à balayage sur un microscope de dernière génération était collecté sur un ensemble de cheveux. En complément, les expériences de fluorescence X induites par des électrons sur le microscope électronique à balayage montraient distinctement un signal attribuable aux atomes de titane. Cette observation mettait ainsi en évidence sans ambiguïté la présence de nanoparticules de dioxyde de titane au niveau des follicules pileux.

L’AFF est considérée comme une forme de lichen folliculaire avec histologiquement un infiltrat lymphocytaire périfolliculaire. Des études épidémiologiques récentes associent l’AFF à l’utilisation de cosmétiques en particulier de crème solaire. Nous rapportons la première observation de la présence de nanoparticules de dioxyde de titane sur des cheveux d’une patiente atteinte d’AFF. En reprenant l’interrogatoire, cette patiente signalait l’utilisation régulière quotidienne de la crème « Toleriane Teint^® » qu’elle appliquait largement sur le front et les sourcils depuis 15 ans qui contient du dioxyde de titane. La présence de nanoparticules (dioxyde de titane et oxyde de zinc) s’est répandue dans les produits cosmétiques pour leurs propriétés anti-UV tout en conservant pour la crème une consistance agréable. Les conséquences chez l’homme ne sont pas connues. L’hypothèse formulée est que la présence de dioxyde de titane au sein du follicule pileux est responsable d’une réaction lichénoïde. De réactions lichénoïdes sont connues avec d’autres métaux tels que le nickel. Des explorations complémentaires sont en cours chez cette patiente (tests épicutanés et tests in vitro de prolifération lymphocytaire et Elispot^® en présence de titane).

Nous présentons la première observation de présence de nanoparticules dans les follicules pileux d’une patiente atteinte d’AFF post-ménopausique.